Nous voilà arrivés au 24 décembre, jour du réveillon, veille de Noël, et moment où même les plus sérieux d’entre nous commencent à envisager de remplacer leur dignité par un pull à rennes lumineux. Pour cette dernière case du calendrier, parlons d’un rôle qui n’est pas vraiment un métier, mais plutôt un miroir tendu à une société qui savait encore veiller sur ceux qui avaient le moins : le morte-paye.
Trois figures se cachent derrière ce terme, un peu comme un trio improbable qu’on aurait réuni pour un dîner de fin d’année.
Premier morte-paye : le vieux serviteur, logé, nourri, et surtout… officiellement dispensé de faire quoi que ce soit. Une sorte de retraite avant l’invention de la retraite, avec un petit pécule en prime. On pourrait presque dire qu’il inaugurait le concept du “je ne fais plus rien mais je reste quand même”, bien avant nos chats domestiques.
Deuxième morte-paye : le soldat entretenu en temps de paix comme en temps de guerre. Une manière de reconnaître que même les guerriers ont droit à un moment pour souffler, poser leur épée, et se demander si tout cela ne serait pas plus simple avec un bon chocolat chaud.
Troisième morte-paye : plus terre-à-terre, celui qui ne peut pas payer sa contribution. Pas de gloire, pas de panache, juste un rappel que l’administration fiscale existait déjà, et qu’elle avait déjà le sens de la formule.
Pour cette dernière fenêtre du calendrier, il me semblait juste d’évoquer ces gestes de bienveillance d’autrefois, ces petites attentions qui rappellent qu’une société peut aussi se mesurer à la manière dont elle traite les plus fragiles.
Passez un excellent réveillon, et n’essayez pas de guetter le Père Noël. Vous savez bien qu’à ce jeu-là, il gagne toujours — surtout quand on s’endort avant lui.