Pour ce 10 décembre, dixième case du calendrier de l’Avent, ouvrons le rideau sur un métier qui brille encore un peu, mais surtout dans les dictionnaires : le doreur.
Le doreur – ou la doreuse, soyons inclusifs – est celui qui pratique la dorure. Rien de sorcier jusque-là. Dorer, c’est recouvrir d’or moulu ou en feuille la surface de certains objets. Le doreur sur bois, par exemple, faisait scintiller les cadres des tableaux ou les meubles. Le doreur sur tranche, lui, offrait aux livres une petite touche précieuse sur la tranche, armé de son fidèle catissoir.
Il y avait aussi les doreurs sur cuivre. Moins glamour : ces métiers exposaient à des maladies dues au mercure. Bref, on brillait à l’extérieur, mais pas forcément à l’intérieur.
Le métier existe toujours, mais soyons honnêtes : il ne fait plus rêver les foules.
Et pourtant, on ne dorait pas que les cadres ou les reliures. On dorait aussi… la pilule. Oui, littéralement. Une fine couche d’or recouvrait les médicaments pour masquer leur goût. D’où l’expression « dorer la pilule » : rendre l’amer un peu plus supportable.
On dorait même les bateaux. Enfin, façon de parler. Sous l’Ancien Régime, « dorer un vaisseau » signifiait enduire la coque de suif pour la protéger des vers. Pas de quoi faire chavirer Versailles : l’effet était plus graisseux que précieux.
Aujourd’hui, on continue à dorer… les gâteaux. Avec du jaune d’œuf, certes, mais la mode remet aussi des feuilles d’or dans l’assiette. Parce que rien ne dit « raffinement » comme avaler du métal précieux en dessert.
Enfin, une expression tombée aux oubliettes : « fin à dorer », qui désignait une personne d’une grande finesse d’esprit. Dommage, ça aurait pu remplacer « smart » dans nos conversations branchées.
Voilà, c’était la minute dorée. Brillante, mais pas toujours reluisante.