Pour ce dimanche 7 décembre, partons à la découverte d’un métier oublié : celui de goujat. Oui, oui, vous avez bien lu : avant d’être synonyme d’individu rustre et mal embouché, le goujat était bel et bien un métier. Deux, même.
Le premier, le plus ancien, nous ramène aux armées de l’Ancien Régime. Le goujat y était un valet d’armée. Pas question de le confondre avec un soldat héroïque : il ne portait pas l’épée, mais les bagages. Attaché au service d’un officier ou d’un simple soldat, il s’occupait de tout ce qui relevait du quotidien : entretien, repas, montage des campements, et parfois même quelques missions de messager. Bref, l’ombre discrète derrière l’uniforme.
Le second métier apparaît surtout au XIXᵉ siècle : le goujat devient alors apprenti maçon. Rien à voir avec le précédent, si ce n’est le côté besogneux. Sa mission principale ? Porter les matériaux, soit « à pied d’œuvre » (au pied du chantier), soit sur les échafaudages. Et comme son homologue militaire, il servait son « maître » en accomplissant les tâches de base : préparer le mortier, amener les pierres, assister les compagnons. Chez les Compagnons du Devoir, il occupait le tout premier échelon, rôle initiatique oblige : prouver sa force, son endurance et sa discipline.
Et aujourd’hui ? Il ne reste plus que l’usage familier du mot, pour désigner un homme rustre et grossier. Allez savoir comment on est passé de deux métiers honorables à une insulte de comptoir. Je vous laisse y réfléchir ...